18 sept. 2017

POUSSINS ET IMPRÉVUS

   
Une petite précision pour tous les amateurs de cafouillage obscurs, de prise de pied dans les tapis volants, de phrases douces qui pivotent sèchement, de rêves arides qui pivotent tendrement, d'amants qui changent d'avis, de soleil qui a l'air d'aller vers l'aube alors qu'il plonge vers le soir, de prière qu'on croyait faire pour une chose et puis qu'on fait soudain pour une autre, le plancher s'écroulant pour nous amener à l'étage au dessous, bref, pour les amateurs de zigzags, d' imprévus, de péripéties, de virages, de toboggans surprises au moment où on faisait le 400 mètre haie.

(entre parenthèse souvent on devient amateur de cafouillage obscur malgré soi, à force d'y goûter, soit qu'on fasse tellement de choses que forcément une partie d'entre elles dérivent hors de portée des mains loin des courants vers lesquels on pensait ramer tranquillou, soit qu'on porte régulièrement deux chaussures droites avec deux chaussettes gauches. Celà dit je suis subjective, puisque personnellement, ce genre de zigzag, j'y ai pris goût à force de constater , au début amèrement, puis très vite avec curiosité, puis enfin avec, oui, une forme d'appétit, regoûtant au zeste et y trouvant, dans l'amer, un gout sucré et acide et particulier, par envie aussi sans doute de plisser les yeux et faire un petit bruit aigu et charmant au moment de la décharge de vitamine et d'intensité sur la langue - j'y ai pris goût, donc, à force de voir que ça m'était servi en plus du reste sur le plateau des repas que je prenais en jonglant sur un pied, une part de gâteau-surprise quotidienne donc , avec des goûts variants, comme dans les sucreries d'Harry Potter, entre chocolat noir et crotte de nez - en passant par de multiples possibilités entre les deux extrêmes de cette échelle gustative, dont le milieu serait probablement: beurre de cacahuète au jambon. Mon principe philosophique pour flotter quand même dans cette drôle de mare c'est d'abord de respirer pour me remplir d'air et ne pas tomber vers le fond avec des gestes dramatiques, d'autre part de penser qu'en jonglant avec des milliards d'oeufs tout le temps yen a toujours un ou deux qui tombent par terre - la plupart du temps ça fait un petit poussin tout content qui s'enfuit en galopant - les autres fois ça fait une omelette par terre et c'est tant mieux pour le chat. Voilà une longue métaphore non-végane , ultrafilée comme mes collants, moitié incompréhensible et baveuse, exactement comme je les aime.)


Mais j'en viens au fait, que dis-je, à la révélation. Imaginez vous donc, chers amateurs de cafouillages lumineux et de prise de pied dans les tapis volants avec atterrissage moelleux, que la merveilleuse attachée de presse qui s'occupe de mon disque (Yasmine Belayel, dont je ne parle pas assez souvent ici, mais qui a travaillé d'arrache pied, je dis ça littéralement parce qu' au coeur de la promo de l'album elle avait un genou pété mais qu'elle se promenait quand même avec moi dans toutes les radios, pour faire entendre et exister cet album, si lumineusement que si je filais toujours ma métaphore circassienne de tout à l'heure je passerais direct en mode évocation du cirque du soleil), cette attachée de presse travaille aussi pour Amélie les Crayons (coucou Amélie!) qui a sorti également un album il y a quelques semaines. Mon album s'appelant Mille Bouches et celui d'Amélie, Mille Ponts, j'attendais en me pourléchant les babines le moment ou l'automobile d'un truc prévu et surprévu se tromperait de sortie et prendrait les Bouches pour des Ponts ou vice versa.

Eh bien ! Cher Amateur de cafouillages obscurs et de prise de pieds dans les tapis volants ! Oui ! tu vis cet instant en direct ! peut-être même si tu écoutais as tu ENTENDU cet instant en direct ! La rentrée faisant qu'on jongle tous avec encore plus d'oeufs que d'habitude, avec des mains qu'on avait pourtant bien promis de garder au moins la plupart du temps sur le volant, eh bien.. mais OUI ! on ne sait plus bien dans cette affaire qui a appuyé sur la pédale de frein de qui, mais toujours est il que nous voilà, éclatant de rire sur la photo finale du toboggan aquatique du grand parc d'attraction de la vie (je cite la vie attention c'est le grand final on arrive au bout de ce feu d'artifice de communication ), sur la photo donc on rigole bien mais on a du jaune d'oeuf plein les cheveux, et ya des petits poussins partout dans le bateau qu'on pose délicatement à terre a l'arrivée pour qu'ils vivent leur vie de poussin.

Je vous ai annoncé il y a quelques secondes que je passais en direct sur radio open FM - mais c'est donc bien Amélie qu'ils espéraient interviewer et non moi. Ils visaient les Mille Ponts sur la carte et pouf, ils sont tombés dans mes bouches. Je le dis pas mais parfois j'ai un visage très grand, qui peut servir de paysage ou de carte routière.

Devant ce zeste imprévu, j'ai plissé les yeux et joyeusement poussé un petit cri aigu, j'ai dit coucou-à bientôt, depuis mes Mille Bouches, et je dis maintenant, aux petits poussins posés sur sol, que c'est très important d'apprendre à courir en zigzag : c'est comme ça qu'on échappe aux crocodiles, parait il. Ils sont plus lents dans les virages.Je le pense très fort parce que pour tout vous dire, j'ai commencé cette journée par un cauchemar assez atroce, plutôt 19,5 sur vingt en baromètre de cauchemar. On m'obligeait à plâtrer la bouche et le visage de gens que j'aimais et que je croyais morts mais qui donc mouraient véritablement sous mon plâtre, PUIS la personne qui dans mon rêve était mon époux (?) m'immobilisait pour me plâtrer à moi aussi le visage et la bouche et je mourais d'étouffement. Autant vous dire que je trouvais ça moyen sympathique comme cadeau de mariage (note à tous les prétendant.es : PAS DE PLÂTRE . MERCI).

Je suis donc rudement soulagée que cette journée ait pivoté de manière imprévue et m'ait offert l'occasion de la finir en ouvrant bien grande mes Mille Bouches, et en éclatant d'un bon gros rire bien vivant. Merci les Poussins.

PS : l'avantage avec les Zigzags, et les poussins qui vont vivre leur vie en devenant des grosses cocottes joyeuses, c'est qu'on ne sait jamais ce qui va éclore .

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