15 août 2017

MERCI FÉRON !




Merci Féron,
 ta tarte au sucre, ton maroilles, ta statue de violoniste, ta grange aux grandes poutres de bois, aux guirlandes dégoulinantes, tes rangées de spectateurs sages, tes histoires sur comment transformer le brie en camembert et le camembert en brie, ta rue Heureuse, et ton gîte où dormir dans les lits les plus profonds du monde;

 C'était un si beau début de tournée, on avait poli la setlist comme un galet ou plutôt comme un noyau, quelque chose à faire nettoyer par les vers et les fourmis jusqu'à ça soit rond et propre, avant que ça ne se mette à pousser dans tous les sens,

 JL et Louise faisaient des blagues dans les loges, et plus l'heure approchait, plus les blagues s'intensifiaient, et plus moi je me taisais, ma concentration me rendant de plus en plus muette et les rendant, eux, de plus en plus chatouilleux. On devait être une drôle d'équipe à voir. Quand Vincent, des lumières, est venu nous chercher pour le concert, Louise faisait des grimaces dans la douches, JL se tenait les côtes sur sa chaise, et moi j'avais les yeux fermés et les oreilles bouchées, essayant d'être complètement là en passant par complètement ailleurs. Allez savoir pourquoi ce détour est toujours mon raccourci préféré.

 On a joué tout l'album, certaines des chansons jamais jouées sur scène, on a tout mélangé, des chansons, des poèmes trapézistes qui passaient d'un titre à l'autre, des strophes venues d'ailleurs, les 4H de sommeil de Louise qui remontait tout juste de Musicalarue, Laurent au son qui plongeait dans cette première avec nous comme dans un baptème du feu, le sourire farceur de JL qui faisait des clins d'oeils à la photographe, et moi dans ma combinaison de peintre qui bougeait les bras comme si je voulais m'envoler.

C'est passé si vite que je me suis demandée si on avait joué assez longtemps, moi qui suis habituée aux concerts à tiroirs, aux setlists cabalistiques avec flèches, parenthèses et rallonges. Après ça j'ai dessiné dans des albums en racontant tout ce qui me passait par la tête, écouté de nouvelles histoires d'amour, de hasard, et de ukulélé, et puis on a fêté ça dignement - DJ Alex passait dans la grange un mélange de tubes des années 90 et de trucs allemands underground, et j'ai des visions assez floues de notre power trio en train de faire du pole dance sur les piliers de bois ou des enchainements audacieux dans des jeux chorégraphiques qui s'inventaient avec la complicité enhardie de quelques habitants plus couche-tard que les autres, et dont la moitié des mouvements consistait à s'écrouler de rire par terre.

 On a filé dormir quelques heures, on s'est réveillés sans migraine, on a pris des photos de Boysband devant le bar du coin, on s'est raconté des histoires d'enfants imaginaires devant les tartines de confitures, on a inventé des tubes idiots dans la voiture, et je suis rentrée à Paris retrouver le chat et la Bande Dessinée, qui m'attendaient, tous les deux, bien sages.
Sauf que la BD n'avait pas mangé tous mes M&Ms

 BISOUS FÉRON ET MERCI TELLEMENT !!










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