8 févr. 2016

Merci Colmar !


J'ai traversé la France et les brumes de ma petite maladie pour venir te voir, et tu valais tellement le coup, avec tes petites maisons qui ont toutes l'air habitées depuis si longtemps, avec ta classe de collégiens qui m'ont posé mille questions et chanté du maitre Gims (c'était "à contresens" et c'était malin parce que maintenant je vais trouver les chansons de maitre Gims HYPERMIGNONNES pour toute ma vie) ,  avec ta galerie pleine de plantes étranges en céramique ou en fusain, et tes spectateurs installés là, tâtonnant d'abord avec moi et puis s'enhardissant, finalement courant à plein souffle dans les rappels,  pendant que j'éclairais la route comme je pouvais, en vacillant un peu depuis mon angine, en faisant des détours écrits spécialement pour l'occasion, jetée là dedans avec mon maillot de piscine tricoté de mots qui toussaient, jetée dans ces détours et cette drôle de voix encore plus cassée que d'habitude, avec sous le bras mon cerveau qui éternuait et le débordement d'amour d'être là, malgré tout ça, qui faisait comme une petite cabine de protection: on pouvait aller aussi loin qu'on voulait sans faire naufrage, c'est sûr.

On pouvait parler de la mort qui rôde, on pouvait même parler du Titanic et imiter la romance sanglotante de ça, on pouvait inventer des endroits, parler des amours secrets, même pas tellement existants, tellement peu existants qu'il était presque dangereux de les esquisser, comme ça, dans le noir, avec toujours une voix tordue, et un amour qui débordait comme un gros volcan malade, par secousses brûlantes,  pour ces gens qui écoutaient assis dans leurs grandes oreilles, et plus tard pour toutes ces histoires confiées, pour l'accueil adorable des lézards, pour les pastilles au miel et au thym et à tout ce qu'on trouvait, sorties de toutes les poches, pour la collophane magiquement apparue, pour la famille de loups des bois venue gentiment roder par là, et pour cette petite fille qui s'était endormie sur le côté, sous un manteau, comme on s'endort partout quand on est enfant, au milieu des fêtes les plus bruyantes, je m'en souviens, de ça, de danser avec n'importe quel autre enfant dans une confiance offerte et tourbillonnante, de manger toutes les chose sucrées à proximité, et de m'endormir soudain comme sans m'en apercevoir, au milieu de tout, vaguement consciente du rythme de la fête et des pas des adultes, avant de me sentir soulevée par des bras attentifs, sans doute pour être déposée dans un lit un peu froid, beaucoup plus confortable et ennuyeux.

Je m'en souviens si bien que maintenant que je suis arrivée, déposée par tous vos bras de l'autre côté de la France, j'ai pensé tout de suite à repartir, encore un peu fiévreuse, repartir, vite, à contresens, évidemment.

1 commentaire:

Asymptot.es a dit…

Merci à toi, Camille, pour ce concert !

Une bise glacée depuis Colmar avec quelques souvenirs arrachés à l'oubli, bien que perdus dans la houle "qui nous traine et nous entraine " de l'Histoire : http://asymptot.es/et-camille-hardouin-est-repartie-bien-loin/