27 août 2020

LE RETOUR DES FLÉCHÉS MAGIQUES (Grille et définitions)






 

FLÉCHÉS MAGIQUES (Niouzléteur 2020)

 

mes petites chauves souris d'amour,

 

c'est bien au chaud dans ma caverne, pas celle de Platon, plutôt l'inverse, c'est à dire qu'on aurait retourné la caverne du texte comme un gant et qu'on se retrouverait avec le monde entier à l'intérieur, un monde qui serait intérieur et extérieur à la fois, où les ombres et les vraies choses cohabiteraient, seraient doubles

 

c'est donc de ce monde double, un fantôme par dessus l'épaule de chaque habitant

que je t'écris

 

c'est un monde où le silence est un langage

et où tout ce qui nous faisait peur

devient fascinant

 

moi, avec ma petite lampe de poche,

et mes deux visages,

avec la créature accrochée dans mes cheveux

qui me demande de dire des choses

à qui je prête ma bouche

comme à tant d'autres créatures croisées,

 

avec le faible faisceau de mes mains

le radieux faisceau de mes yeux

et l'éternel faisceau de mon coeur

 

je cherche dedans

 

ce qui parle

 

ce qui voudrait être dit.

 

pour l'instant, c'est ouvrir la porte

juste te donner quelque chose

 

pour vérifier le chemin

 

d'abord

 

ce texte qui me dégouline des doigts

 

et puis

 

une chose légère

 

un amusement

un

cadeau

 

juste pour dire

tiens

pour voir une main se tendre

et l'autre recevoir

 

je t'embrasse

de mes mille bouches à la fois

une qui est mienne

et toutes les autres empruntées

 

Camille

 



J'ai fabriqué une grille de mots fléchés !

Un ami est venu me voir, il était super fort en mots fléchés. Moi, je n'avais pas l'habitude, et je ne comprenais pas bien : est ce qu'ici le texte est un synonyme? une définition? un indice? une allusion? comme souvent quand je ne comprends pas quelque chose, j'essaye de le passer par mes mains et mon regard, de faire une version que je peux comprendre, et c'est comme ça que j'ai fabriqué une grille de mots fléchés (aussi pour faire un cadeau à mon ami avec plein de blagues dedans)

Ensuite, j'ai pensé que c'était l'été et que peut-être ça t'amuserait aussi. J'ai donc enlevé les blagues trop privées, tout bien recopié au propre et .. la voila !

Dedans, il y a beaucoup de blagues, plein de références à des chansons, et même des mots qui n'existent pas (mais qu'on peut trouver quand même).

C'est un cadeau pour toi, si ça t'amuse

et pour moi un moyen de vérifier que je peux te donner quelque chose, que le chemin existe, que ça va de toi à moi et de moi à toi sans encombres.

C'est aussi un geste de moi à moi pour accepter de te donner quelque chose d'imparfait, quelque chose qui n'est rien d'autre que ce que j'ai fait à un moment donné et que j'accepte de laisser regarder comme tel.

Ensuite, j'ai pensé que ce serait amusant de mettre un petit cadeau au bout, comme pour fêter la ligne d'arrivée, mettre un pompon dans le manège. Alors j'ai repensé à ces affiches de concerts que j'avais retrouvées: les 10 premiers à me renvoyer cette grille avec tout bon recevront donc par voir postale une affiche avec un petit mot dedans! tu peux renvoyer la grille en pj en me repondant , ou sur laniouzleteur@protonmail.com

télécharge en cliquant ici la grille et les définitions : cliclic


 


 


 

avais tu vu cette reprise de confinement, une reprise d'il y a longtemps enregistrée il y a quelques semaines pour le Printival? C'est ma version du Courage des oiseaux, de Dominique A. C'est sa chanson, mais ma version, avec tout un texte au milieu que j'ai rajouté parce que ça résonnait comme ça, ça venait comme ça.

 

ah oui, et puis le Printival m'avait demandé de porter une marinière. j'ai trouvé quelqu'un d'encore plus enthousiaste que moi qui s'est portée volontaire, alors je n'ai pas pu résister à faire cette petite farce.

 

 


et puis, j'ai croisé cet été la route de Mila Nijinski.
photographe, modèle, aventurier de la vie, à la fois semeur, instrument et dévoreur de rêves et de réalités.

j'ai eu la chance de l'accueillir trois jours, qui ont été remplis de photos, de vidéos, de dessins, et du doux éblouissement de cette rencontre. Je finis de travailler sur tout ça, et puis toi tu peux déjà découvrir son travail de photographe pour deux expos collectives de polaroïds ( les EXPOLAROÏDS ) :

 à ROUEN le 5 et 6 Septembre, à l'espace "Le 27", au  27 rue abbé de l'épée.

à PARIS du 24 Septembre au 01 octobre,  à la galerie "Les Temps donnés" 16 rue des Envierges, 75020, Paris.

(en photo un des minipolaroïds de notre première session, au creux de ma main)
 

enfin, si tu me suis sur instagram, tu sais déjà que j'occupe une partie de mes journées et de mes habitations successives à accueillir des animaux qui cherchent une famille. Voici mes adorables pensionnaires du moment :




FLAMME a deux mois environ, elle a été recueillie avec sa maman dans un terrain vague, affamée et malade. Elle est maintenant le chaton le plus mignon du monde, de l'avis général. Elle est propre, très débrouillarde, elle ronronne merveilleusement et maitrise complètement l'art de s'endormir dans des positions craquantes. Elle est très joueuse, très caline. Elle a appris à ne pas griffer, (car les mains sont faites pour les calins), mais à se jeter avec une adorable cruauté de chasseuse sur son jouet à plumes ou à grelots, ou tout simplement un stylo maléfique qui passait par là. Si tu as envie d'accueillir Flamme, écris moi. (UPDATE, pendant que je travaillais à la niouzléteur, Flamme a été adoptée ! )
 


 

BOUBOU a huit ans, c'est l'enthousiasme même. tu peux la voir porter une marinière sur ma vidéo du Courage des oiseaux. Elle aime faire des blagues, courir en remuant ses fesses dodues, apprendre un nouvel ordre, manger des saucisses, manger de la nourriture pour chat, manger quoi que ce soit de vaguement mangeable, et se jeter sur le dos pour avoir des gratouilles sur le ventre. Elle s'entend très bien avec les chats et avec les autres chiens. Il y a peu on lui a diagnostiqué des tumeurs à l'estomac. Elle vit pourtant sa vie avec autant d'enthousiasme que d'habitude et a quelques belles années devant elle. Si tu as envie d'être sa famille , écris moi.

 


 

TITOU a cinq ans, il a une apparence de pirate et un coeur de chaton. Quand je l'ai recueilli, on ne pouvait pas l'approcher sans l'effrayer. Depuis, il a appris à jouer au bâton, à faire d'immenses câlins, à exprimer sa joie et à faire confiance aux humains. Il a passé chaque étape avec une persévérance et une envie si touchante que j'ai été émue aux larmes plusieurs fois. C'est maintenant un chien hyper bien dans ses baskets imaginaires, qui sait s'asseoir, se coucher, donner la patte. Il aime jouer au baton avec des points bonus si c'est dans l'eau, poser sa tête sur toi pour avoir un calin, les grandes promenades, le calme. il est très fier d'avoir récemment appris à nager. C'est un chien très doux, très touchant, très drôle. il saisit les friandises dans la main avec la plus grande douceur imaginable, comme pour être sûr de ne jamais te faire de mal. Il rêve d'une famille avec un jardin ou une maison près de la nature. Si tu as envie d'adopter Titou, écris moi.

 


 

TEMPËTE est la maman de Flamme. C'est le début de notre rencontre, elle a encore besoin de temps. Elle m'étonne et m'apprend des choses à chaque apparition. C'est pour ça que je l'ai appelée Tempête, elle vient comme une chose bouleversante, avec une évidence et une force, une émotion, dont je pourrai mieux te parler bientôt. On est encore en train de se rencontrer, elle a besoin de temps, et elle fait déjà de grands progrès . Je te raconterai son caractère quand elle aura posé sa peur sur le côté et acceptera de montrer pleinement qui elle est. en attendant, je te la présente déjà, comme ça tu peux réfléchir à l'accueillir. Si ton coeur vacille pour Tempête, écris moi.

Voilà pour ce mois ci !

je pose un baiser, double, sur ta joue, sur la joue de tous tes visages.

j'espère que tu t'amuseras avec les mots fléchés, et que tu reçois tout ça dans un endroit doux, doux, le plus doux possible.

à bientôt

Camille Hardouin

23 janv. 2019

Le Partisan (Session acoustique)

Samedi, une session acoustique
tournée dans le ventre de la terre,
profond, profond

j'y avais joué ma version du Partisan, de Léonard Cohen

A samedi !

19 janv. 2019

Mary Oliver - à propos du pouvoir et du temps

J'ai partagé ce matin le texte de Mary Oliver, reçu via le patreon d'Amanda Palmer , sur les réseaux sociaux. On m'a demandé de le publier quelque part, le voici.

Le texte m'a beaucoup touchée, il parle de ne pas s'interrompre soi-même , de la créativité, de nos mille visages, de comment parler aux obligations quotidiennes, aux impressions de contraintes, à la soif d'invisible et d'éternité.

je n'ai pas trouvé de traduction alors j'en ai bricolé une moi-même.  Si vous préférez l'entendre, il y a une version que je lis sur mon facebook, ou en story instagram. Peut-être que je ferai une petite playlist de lectures sur ma chaine youtube, mais pour l'instant, ça s'arrête là ! Bonne lecture, j'espère que ça vous inspirera !
(et si vous en voulez plus, le recueil dont est tiré le poème s'appelle UPSTREAM donc courez envahir les librairies en agitant le petit papier sur lequel vous avez noté tout ça)

Camille

...

A PROPOS DU POUVOIR ET DU TEMPS
Mary Oliver


C'est un matin d'argent comme n'importe quel autre. Je suis à mon bureau. Alors le téléphone sonne, ou quelqu'un frappe à la porte. Je suis profond dans la machinerie de mes pensées. A contrecoeur je me lève, je réponds au téléphone ou j'ouvre la porte. Et l'idée que j'avais dans ma main, ou presque dans ma main, est partie.


Le travail créative a besoin de solitude. Il a besoin de concentration, sans interruptions. Il a besoin du ciel entier pour voler dedans, et qu'il n'y ait pas d'oeil qui le regarde jusqu'à ce qu'il arrive à la sureté à laquelle il aspire, mais qu'il n'a pas necessairement tout de suite. Alors, l'intimité. Un endroit hors du temps, pour machouiller le crayon, pour griffoner et effacer et griffoner à nouveau.


Mais tout aussi souvent, sinon plus souvent, l'interruption ne vient pas de quelqu'un d'autre mais de soi-même, ou d'un autre soi dans nous-même, qui siffle et bat sur les murs de la porte et s'élance, en éclaboussant, dans le bassin de la méditation. Et qu'a - t-il à dire? Que tu dois téléphoner au dentiste, que tu n'as plus de moutarde, que l'anniversaire de ton oncle Stanley est prévu dans deux semaines. Tu réagis, bien-sûr. Puis tu retournes à ton travail, seulement pour t'apercevoir que les diablotins de ton idée se sont évanouis dans la brume.


Ce sont les traces de cette chose interne, cette interruption intime, que je vais suivre. Le monde éparpille, à la façon énergétique d'une place commune ouverte, ses nombreuses bénédictions, comme un monde le devrait. Quelle querelle peut il y avoir avec ça? Mais que le soi puisse interrompre le soi - et le fasse- est une question plus sombre et plus curieuse.


Je suis, moi-même, au moins trois moi-mêmes. Pour commencer, il y a l'enfant que j'étais. Certainement je ne suis plus cet enfant ! Pourtant, dans le lointain, et quelquefois de manière pas si lointaine, je peux entendre la voix de cet enfant - je peux sentir son espoir, ou sa détresse. Elle ne s'est pas évanouie. Puissante, égoïste, insinuante - sa présence s'élève, en souvenir ou depuis la rivière bouillonnante des songes. Elle n'est pas partie, pas très loin. Elle est avec moi en cette heure présente. Elle sera avec moi dans la tombe.


Et il y a le moi-même attentif, social. C'est celle qui sourit, la gardienne de porte. C'est la portion qui évente l'horloge, qui pilote le quotidien de la vie. Qui garde à l'esprit les rendez-vous qui doivent être faits, puis tenus. Elle est enchaînée à un millier de notions d'obligations. Elle bouge à travers les heures du jour comme si le mouvement lui-même était la chose à faire. S'il va rassembler, dans son élan, quelque branche de sagesse ou de délice, ou rien du tout, est un problème qui ne la concerne quasiment pas. Ce que ce moi-même là entend nuit et jour, ce qu'elle aime par dessus toutes les autres chansons, c'est la course infinie de l'horloge; ces mesures strictes et vives, et pleines de sûreté.
L'horloge ! Ce crâne de lune à douze visages, ce ventre d'araignée blanche ! Comme elles sont sereines, ces mains qui bougent avec leur pointe en filigrane, et comme elles sont stables ! Douze heures, et douze heures, et ça recommence ! Mange, parle, dors, traverse la rue, lave un plat ! L'horloge bouge toujours.
Toutes ses visions sont justes si vastes - si régulieres (notez ce mot). Tous les jours, douze petites corbeilles dans lesquelles ranger la vie en désordre, et les pensées encore plus en désordre. L'horloge de la ville crie, et le visage de chaque poignet fredonne ou brille ; le monde est en rythme avec lui-même. Un autre jour passe, un jour ordinaire et régulier. (notez ce mot aussi.)
Disons que vous avez acheté un ticket pour un avion et vous voulez voler de New York à San Francisco. Qu'est ce que vous demandez au pilote quand vous grimpez à bord et que vous vous asseyez près du petit hublot, que vous ne pouvez pas ouvrir mais à travers lequel vous voyez les hauteurs vertigineuses par lesquelles vous êtes éloignés de la terre sécurisante et amicale?
Plus qu'assurément, vous voulez que le pilote soit son soi-même régulier et ordinaire. Vous voulez qu'il approche et assure son travail avec rien de plus qu'un plaisir calme. Vous ne voulez rien de particulier, rien de nouveau. Vous lui demandez de faire, avec routine, ce qu'il sait faire - voler et conduire l'avion. Vous espérez qu'il ne va pas rêvasser. Vous espérez qu'il ne va pas se laisser dériver dans un flot de pensées intéressantes. Vous voulez que ce vol soit ordinaire, pas extraordinaire. Et de la même façon, avec le chirurgien, et l'ambulancier, et le capitaine de bateau. Qu'on les laisse tous travailler, aussi ordinairement qu'ils le font, avec la familiarité confiante que le travail requiert, et rien de plus. Cette familiarité est la sureté du monde. Leur ordinarité fait que le monde tourne.


Moi aussi, je vis dans ce monde ordinaire. Je suis néee dedans. En fait, la plupart de mon éducation a consisté à me faire me sentir bien, confortable en lui. Pourquoi cette entreprise a échoué, c'est une autre histoire. Ces genres d'échecs arrivent, et alors, comme toutes les choses, ils se retournent au profit du monde, parce que le monde a besoin de rêveurs comme il a besoin de cordonniers. (pas que ce soit si simple, en fait, puisque quel cordonnier de ne se tape pas occasionnellement sur le pouce quand ses pensées ont, comme nous le dirions, "dérivé"? Et quand le corps ce vieil animal aboie pour avoir de l'attention, quel rêvasseur ne doit pas descendre de temps à autre de son rêve et se dépêcher d'aller au marché avant la fermeture, car sinon il continuera à avoir faim?)


Et ceci est vrai également. Dans le travail créatif - le travail créatif de toutes sortes - ceux qui sont les artistes travailleurs du monde n'essayent pas d'aider le monde à tourner, mais à aller de l'avant. Ce qui est quelque chose d'en soi très différent de l'ordinaire. Un tel travail ne refuse pas l'ordinaire. C'est, simplement, quelque chose d'autre. Son labeur requiert une perspective différente - un ordre des priorités différent.
Certainement il y a à l'intérieur de chacun d'entre-nous un soi-même qui n'est ni un enfant, ni un serviteur de l'horloge. c'est un troisième soi-même, occasionnel en certains d'entre nous, tyrannique en d'autres. Ce soi-même n'a pas d'amour pour l'ordinaire, il n'a pas d'amour pour le temps. Il a faim d'éternité.


Travail intellectuel quelquefois, travail spirituel certainement, travail artistique toujours - ce sont les forces à sa portée, des forces qui doivent voyager au delà du royaume des hours et de la contrainte des habitudes. Le travail actuel ne peut pas non plus bien être séparé de la vie entière. Comme les chevaliers du moyen-âge, il n'y a pas grand chose que la personne incline à l'art peut faire, à part se préparer, corps et âmes, pour le labeur - parce que ses aventures sont toutes inconnues. En vérité, le travail lui-même est une aventure. Et aucun artiste ne pourrait continuer à travailler, ou ne le voudrait, sans une extraordinaire énergie, et une extraordinaire concentration.. C'est d'extraordinaire que l'art est fait.
Il n'est pas non plus possible de contrôler, ou réguler, la machinerie de la créativité. On doit travailler avec les puissances créatives, et travailler avec ce n'est pas travailler contre, en art comme en vie spirituelle il n'y a pas d'endroit neutre. Spécialement au début, il y a un besoin de discipline comme de solitude et de concentration. Un emploi du temps d'écriture est une bonne suggestion à faire aux jeunes écrivains, par exemple.Egalement, c'est déjà assez leur dire. Si on leur disait si tôt la vérité entière, qu'on doit être prêt à toutes heures, toujours, que les idées dans leurs formes chatoyantes , malgré toute leur discipline consciencieuse, viendront quand elles voudront, et sur la révolte rapide de leurs ailes, en désordres, sans répit, aussi indomptables, quelquefois, que la passion.
Personne encore n'a fait une liste des endroits où l'extraordinaire peut arriver et où il ne le peut pas. Tout de même, il y a des indications. Parmi les foules, dans les salons, parmi les aises et les conforts et les plaisirs, il est rarement vu. Il aime le dehors. Il aime l'esprit concentré. Il aime la solitude. Il a plus de chance de se coller au risque tout qu'à l'acheteur de tickets. Ce n'est pas qu'il dénigre les conforts, ou les routines établies du monde, c'est que ce ses intérêts sont dirigés vers d'autres endroits. Ses intérêts sont au bord, dans faire une forme de ce qui n'a pas de forme, qui est au delà du bord.
Et celà on ne peut le questionner - le travail créatif requiert une loyauté aussi complète que la loyauté de l'eau à la gravité. Une personne qui s'avance dans la jungle de la création et qui ne sait pas ça, qui n'avale pas ça - est perdue. Celui qui n'est pas assoiffé de cet endroit sans toiture d'éternité, devrait rester à la maison. Une telle personne est parfaitement valable, et utile, et même belle, mais ce n'est pas un artiste. Une telle personne ferait mieux de vivre avec des ambitions temporelles, des travaux finis, faites pour l'éclat d'un moment seulement. Une telle personne ferait mieux d'aller faire décoller un avion.


Il y a cette notion que les personnes créatives sont distraites, imprudentes, se fichent des obligations sociales et des usages sociaux. C'est, je l'espère, vrai. Parce qu'il sont complètement dans un autre monde. C'est un monde dans lequel le troisième soi-même gouverne. La pureté de l'art n'est pas non plus l'innocence de l'enfance, si une telle chose existe. La vie de quelqu'un en tant qu'enfant, avec toutes ses rages et ses degrés émotionnels, n'est rien que de l'herbe pour le cheval ailé - celà doit être bien mâché par ses dents sauvages. Il y a des différences irréconciliables entre reconnaitre et examiner les fabulations de son passé et les déguiser comme si elles étaient des silhouettes adultes, dignes de l'art, ce qu'elles ne seront jamais. L'artiste au travail, en concentration, est un adulte qui refuse ses propres interruptions, qui reste absorbé et plein d'energie dans et par le travail - qui est ainsi responsable du travail.
Pendant n'importe quel matin ou après midi, les sérieuses interruptions du travail, par conséquent, ne sont jamais les inopportunes, joyeuses, même aimantes interruptions qui viennent à nous depuis quelqu'un d'autre. Les sérieuses interruptions viennent de l'oeil vigilant que nous jettons sur nous-mêmes. Il est là le souffle qui dégomme la flèche de sa cible ! Il est là le frein que nous jettons sur nos propres intentions. Là est l'interruption dont nous devons avoir peur !


Il est six heures du matin, et je travaille. Je suis distraite, imprudente, je me fiche des obligations sociales, etc. C'est comme celà doit être. Le pneu est crevé, les dents tombent, il y aura un cent repas sans moutarde. Le poème est écrit. Je me suis battue avec l'ange et je suis tâchée de lumière et je n'ai pas honte. Ni de culpabilité. Ma responsabilité n'est pas dans l'ordinaire, ou le temporel. Elle n'inclut pas la moutarde, ou les dents. Elle ne s'étend pas au bouton perdu, ou aux haricots dans la marmite. Ma loyauté est dans la vision intérieure, quelque soit le moment et l'endroit où elle arrive. Si j'ai un rendez-vous avec vous à trois heures, réjouis toi si je suis en retard. Réjouis toi encore plus si je ne viens pas du tout.
Il n'y a pas d'autre façon de faire du travail artistique. Et le succès occasionnel, pour le travailleur acharné, vaut tout. Les gens les plus farcis de regrets sur la terre sont ceux qui ont senti l'appel du travail créatif, qui ont senti leur propre puissance créative s'agiter et s'élever, et ne lui ont donné ni pouvoir ni temps.

La Niouzléteur de Janvier 2019 : LE PREMIER MATIN DE TOUTE UNE VIE

Voici la Niouzléteur de Début Janvier
quand j'ai le temps et que ça s'y prête; je la mets sur le blog
mais la version mail est plus régulière (tous les mois ou deux mois environ) et surtout avec plus d'images et de liens, de petits cadeaux videos de temps en temps !

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et maintenant : la lettre

...


Mes petits loups d'eau douce, douce, oh si douce.

OH ! Ah ! Uh ! comme je souhaite que cette année nouvelle, sortant son corps ondin d'une eau cristalline, t'ouvre les bras ardemment !

je t'écris dans ma salopette orange préférée,
mes nouveaux cheveux verts flottant au vent,
le feu crépitant dans la cheminée de la maison qu'on m'a prêtée pour un mois,
la mer partout autour,
le silence,
la petite boule ronronnante tout près, deux yeux transparents aperçus sous une forêt de poils,
la bouche pleine de bouillie (noisettes/lait de coco/manioc/gaufrettes de l'aire d'autoroute, tu m'en diras des nouvelles, comme me disait feu mon grand père à qui je ne peux hélas plus donner tellement de nouvelles, même si je continue d'aller sur sa tombe et de lui faire la conversation, que voulez-vous, chacun son chagrin, et l'amour est comme les chats, il est toujours rassurant mais il prend tant de formes, il a tant de caractères, le mien ne se tait pas.

donc je vais sur sa tombe et je parle. je lui dis, je vais à l'ile d'yeu, pour un mois, peut-être deux, je fais le ménage, il y a des parties de ma vie qui ne me vont plus, la mue que je fais si souvent en moi-même il faut cette fois que je la fasse à l'extérieur de moi-même, tu comprends pépé?

je lui dis Mémé va bien, elle aura 90 ans en Mars, je sais que le temps ça veut plus rien dire pour toi, mais tu te rends compte? Je lui donne des nouvelles de mes soeurs, de mes parents. Je lui dis que je suis amoureuse, que ça transforme tout, que je deviens encore plus moi-même. Quand il y a d'autres gens dans le cimetière je m'en vais. J'aimerais une tombe au pied d'un arbre, pour pouvoir rester longtemps et parler. Mais celle ci n'est pas si mal, elle donne sur la ville et les montagnes au loin, et puis je sais comment il est couché, avec quelle chemise, je sais que dans sa poche il y a un secret d'amour. Enfin voilà, je fais semblant de vouloir vous écrire légèrement, de donner une recette de bouillie fantaisiste et voilà que je parle de ceux que j'aime, de la mort, et de cette vie qui se transforme, heureusement et étonnamment, à chaque instant. Moi ça me va, ce virage qui sonne plus juste, plus sincère, j'espère que vous aussi. )

J'ai donc la bouche pleine de coco, de noisettes, et de bonnes résolutions, et maintenant curieusement la gorge un peu seche, contrairement aux yeux.

Je vous envoie une marmite d'amour, assez grande pour vous plonger dedans tout entiers.

...

Comment je fais pour devenir plus moi-même, comment je fais pour donner mieux? Voilà les questions qui me trottent toujours dans la tête, comme des petites souris farceuses, mignonnes et grignotant tout. D'habitude, je peux pas vraiment les suivre, parce qu'il y a déjà ça, ça et ça de prévu, parce que ma sensibilité fait qu'un évènement en provoque mille autres, qui le précèdent et le suivent, parce que tout m'emporte, me séduit, me sidère, me blesse ou me répare, parce qu'enfin celà fait longtemps que je n'ai rangé ni ma maison ni ma vie. Celà fait sept ou huit ans maintenant, tout un cycle, que je vous chante mes chansons, de scène en scène, petits pointillés sur lesquels je saute à pieds nus, hop hop hop.
Ces derniers mois, j'ai eu envie, besoin, grand besoin, le besoin de l'air quand a trop retenu sa respiration, grand besoin de liberté, de temps, de silence.

J'ai dit oui à cette proposition : un mois ou deux dans une maison inconnue et accueillante, près de la mer, toute seule avec une personne que j'aime, qui me laisse largement assez de silence pour me rouler dedans, et qui, après une nuit enlaçant la nature comme un gros serpent blanc, s'éveille à l'aube et s'enfuit, le chat sur ses talons, la soif de tout à la fois dans sa gorge, et passe ses journées à fouiller les bosquets, les vagues, les insectes, parfois les humains, cherche des indices d'une vie étrange et crépitante, assemble des choses en puzzle pour en dire une vérité qu'on n'avait pas soupçonnée et qui se révèle, toute nue sur la table, la vie qui a soulevé son jupon d'un air malicieux, et lui en filme les mille splendeurs secrètes, tous les théâtres et les entrechocs, les romantismes souterrains, et ensemble je les vois revenir le soir, chat et humain, avec les yeux ébahis et les pattes pleines de boue.

C'est de là que je vous écris, d'abord pour le plaisir de vous écrire, ensuite pour vous dire celà, tout court, et puis pour vous dire que pour moi ce sont les deux premiers mois d'un temps plus long, une nouvelle période qui s'ouvre, le premier matin de toute une vie qui a enlevé encore une chrysalide.

Aussi vous dire que je ne sais pas si celà me fera parler moins ou parler beaucoup plus, mais j'espère, les deux à la fois. Je remets mon monde dans l'ordre.
Bien-sûr, j'irai faire les choses que j'ai déjà engagées, bien-sûr je ferai au mieux pour le faire de tout mon coeur.
Mais j'ai besoin d'un infini de silence, de solitude, d'amour.
J'ai besoin de sortir tous mes tiroirs et de les déverser sur la table, mes tiroirs dans lesquels une quantité incroyable de projets artistiques sont enfouis, serrés, débordants, et de temps en temps quand l'un ou l'autre naissait, je vous l'écrivais, je disais, "le conte de l'Etrange Petite Sirène est prêt, elle sortira en dvd !", ou "je vais faire un livre de partitions de paroles et de dessins pour jouer mes chansons!", ou "les tshirts sont presque prêts", ou "la bd va sortir !" et puis prise par les urgences qu'un regard plus vrai savait pourtant insignifiantes et sans profondeur, je me faisais engloutir à nouveau dans une course folle, et pour ne pas les asphyxier, je fourrais hâtivement les projets presque-prêts dans le tiroir, serrés parmi les autres. "Pour quand j'aurai un peu plus de temps" .

Voilà, ce temps, je le prends. Promis, chers projets, j'ai enlevé mes bottes d'aucune lieues qui n'allaient nulle part, j'apprenais en chemin bien-sûr, mais, mais, c'est tellement mieux quand la route est choisie.

Ces prochains temps, il y aura donc peut-être un peu moins de choses visibles, est ce que ce sera moins de paroles, moins de réseaux sociaux, moins de réponses aux milliards de mails professionnels, moins de concerts? je ne sais pas encore, je trie, je laisse la pâte de mon corps se reposer. Je renifle comme une odeur que j'avais oublié, mais qui m'est familière, que ce silence est justement la bonne route, la vraie route, pour donner beaucoup, tellement, tellement plus. J'avais l'impression de m'éparpiller, de parler dans une langue qui n'était pas la mienne, comme si j'agissais avec des bras légèrement à côté de mes propres bras.

Je crois que les miens mettent plus de temps à bouger que ce qu'on me demande généralement. Mais qui est ce "on", sinon une entité vide, creuse, qui s'incarne dans l'un ou l'autre selon les faux besoins d'un moment?

J'espère que les concerts, les mots, les gestes que je donnerai seront mille fois plus justes et plus profonds. Je pense aussi que je vais faire des tas d'expériences, tatonner, me laisser trébucher, ou gravir des choses que je ne sais pas encore gravir, parce que ça a toujours été ma manière de comprendre, d'apprendre, d'avancer. De chercher aussi comment donner quelque chose sincèrement, pas une façade de quelque chose, pas quelque chose pour avoir des applaudissements, chercher quelque chose de vrai. C'est cette obsession qui me fait mettre chaque pas après l'autre quand je n'ai même encore aucune idée d'où je vais ou de comment faire pour traverser des jungles qui ont l'air impénétrables, c'est elle qui parlait en sourdine, sous le couvercle des faux-devoirs-à-faire, des faux-conseils-criés-dans-mes-oreilles quasiment chaque jour depuis sept ou huit ans, empruntant la voix de l'un ou l'autre, et je parlerai une autre fois plus longuement de ces cris. Mais mon obsession a pris des poumons, elle crie beaucoup, beaucoup plus fort que ça, d'une voix plus enivrante, et qui enhardit à chaque pas, qui donne de la force à mesure qu'on l'écoute et qu'on avance.

Me voici donc pieds nus comme j'aime, travaillant déjà avec un calme comme je ne me souviens pas avoir connu. J'ai cité trois ou quatre projets si anciens, parce que je me souviens en avoir parlé dans ces niouzléteurs que je prends tant de plaisir à écrire, mais il y en a tant, certains tout neufs, la dernière brique de mots à peine posée, le ciment des images encore frais, d'autres attendant depuis longtemps, fruits imaginaires mûrs à point, sachant chaque mouvement à l'avance; et puis tous frémissant, frétillants comme des gros poissons impatients, tous, tellement heureux de sortir bientôt vous rencontrer.
Bien-sûr, un de ces énormes poissons aux yeux ronds, aux écailles multicolores, aux airs de dragons presque apprivoisés, un de ceux auxquels je pense, c'est un deuxième album. Je fais aussi de la place pour le laisser naitre à son rythme. ça aussi, ça demande la bonne dose de temps, de tranquillité, de joie, de folie, de moment présent.

Et puis, voici une image d'un des minuscules cadeaux, sortis des tiroirs, sur lequel je travaille ces jours-ci.
Une vidéo prise dans le ventre de la terre, on s'était perdus dans la forêt, on nous avait confié le secret de l'endroit, à peu près, vous verrez, on peut descendre, descendre dans la terre, là où tout est silencieux et tout vit.
J'y avais joué trois chansons. Deux de mes reprises débordantes, et une chanson à peine née. Je ne sais pas encore si on va sortir les trois, j'aimerais bien, un petit triptyque du ventre de la terre. La lumière est incroyable, le lieu est beau à s'évanouir, une petite chauve souris vient dire bonjour, ça sent le silence, l'humidité, les insectes. Je ne sais pas encore trop faire avec les prises de sons, on essaye des choses. J'espère que ça sera écoutable. J'espère que ça vous plaira. 



C'est en préparant ce petit cadeau que je vous souhaite une merveilleuse, une frémissante, une de coeur-ébloui, une de joie-éclose année 2019

avec plein d'amour

Camille Hardouin - La Demoiselle inconnue - anciennement un homard (dont la carapace glissait de plus en plus)- me voici dehors aussi - c'est à dire encore plus dedans pour être encore plus dehors- c'est fini les métaphores cheloues normalement c'est la signature on n'a plus le droit de rajouter des trucs- en même temps c'est l'écriture la langue c'est vivant on a les droits qu'on veut- je veux bien me battre à l'épée en mousse avec un académicien- un combat de langage, ma langue étant vivante elle va mieux que n'importe quelle langue sous couvercle- c'est vrai je trouve qu'un académicien a une relation abusive avec la langue- qu'une langue ça doit se promener en liberté dans la bouche-voilà-maintenant je rajoute plus des trucs j'ai lancé une idée de duel imaginaire en mousse donc j'imagine que là ça va c'est bien comme signature - est ce que vous aussi vous parlez pas beaucoup et puis d'un seul coup sans pouvoir vous arrêter? est ce que vous aussi vos vies se transforment et sortent de leurs chrysalide? est ce que vous signez toujours de quatorze noms à la fois dont des comparaisons volontairement périmées avec des crustacés immortels que vous préférez largement et du mois théoriquement aux académiciens qui sont figés ce qui est l'inverse d'être immortels malgré le nom qu'ils portent de force et comme un drapeau puisque je trouve que la langue il faut jouer avec elle, qu'elle doit être heureuse de jouer avec celui qui la prononce- je ne sais pas pourquoi au petit déjeuner je me suis mise à parler des académiciens et de la langue vivante et que la langue il fallait l'utiliser avec amour, que si on met l'amour ou la vie ou la langue sous un couvercle tout meurt et tout est malheureux- moi je veux des académiciens farceurs et courant dans le jardin en petite culotte en disant les nouveaux mots qu'ils ont entendus partout, dans la bouche de plein de gens aux vies différentes, et bénissant chaque mot qui n'en avait d'ailleurs pas besoin, et s'émerveillant de tous les visages différents du langage, bref agissant avec joie et non avec peur, avec gratitude que le langage se prête à nous au lieu de vouloir l'enfermer quelque part. Vous voyez je parle de choses comme ça, d'envie de liberté dans ma bouche, au petit déjeuner et dans les signatures- c'est une drôle de période, racontez moi la votre si vous avez envie - et puis joyeuse année nouvelle, qu'elle soit comme la langue, accueillie, aimée, joueuse, vivante, farceuse, dévorante, sensuelle, affamée, salivante, et merci à toi, que je ne connais pas beaucoup mais que j'aime de tout mon coeur, à qui je passe littéralement ma vie à écrire, merci chère créature vaillante,  de m'avoir lue jusque là

7 déc. 2018

merci Reims , merci le Charabia Festival, Dominique A !


C'était il y a une semaine tout pile plus un jour tout pile moins cinq heures toutes piles
et j'ai été si bien, si bien reçue. 

Merci pour le petit cocon d'accueil, les nourritures arc en ciel et clignotantes d'amour, merci le Charabia festival et tous ses cadeaux bleus profonds, merci à Barcella rayonnant avec les mains ruisselantes de champagne à offrir et d'idées à distribuer, racontant ses concerts les plus épiques, merci à Ulysse Prod et tous leurs multibras efficaces et ouverts, merci La Cartonnerie et le catering le plus parfait scrupuleux et délicieux de tous les temps, merci la Comédie et ses labyrinthes joyeux, 

merci Dominique A et son équipe, le concert dansé sur un fil , qu'on s'est faufilés pour voir par une porte fermée, l'impression de faire l'école buissonnière, là tous seuls au dessus du public et du concert, tout le monde si liés par la musique et nous aussi, invisibles, la voix et les paroles et les surprises de rythme et d'émotions de Dominique, qui parlait de la personne de son équipe qui est fan des arpèges et dont je ne me souviens plus du prénom, mais peut-être Roger? eh bien moi aussi cher Dominique comme peut-être-Roger je suis fan des arpèges, mais comme peut-être-Roger aussi sans doute j'aime les surprises, et j'ai été bien servie, j'aime qu'on m'entraine là où je n'aurai pas pensé aller, j'aime me faire cueillir par une phrase comme Gandalf quand il on croit qu'il va rester debout devant le ravin mais que la grosse langue du monstre fait un retour de fouet et l'entraine au fond. C'est comme ça les paroles de Dominique A, et en concert aussi presque plus, les petites phrases qui se promènent, l'air qu'elles vont nous laisser tranquilles, mais PAS DU TOUT.

De mon côté comme je jouais pas sur la même scène, en guise de pont j'avais fait une reprise pour l'occasion, c'était le Courage des Oiseaux et c'était aussi un clin d'oeil au Cabaret de Madame Arthur avec Corinne et sa force enracinnée sur scène, je me souviens je chantais la tête sur son épaule et elle caressait mes cheveux, les fleurs dedans,  et moi j'étais heureuse et impressionnée de cette présence si ancrée et si belle, et l'accordéon de l'oiseau Joli qu'on en perdait tous des plumes et la splendide Morian en train de faire voler un poulet en plastique derrière nos têtes en restant on sait pas comment hypersexy dans ce contexte. 

Il y a des mois lors de mon concert dans ce lieu cher à mon coeur que comme tous les lieux chers à mon coeur j'y vais décidément pas assez alors que j'aimerais y passer mes nuits, on m'avait invitée à faire une reprise avec les queens du soirs, et dans la liste j'avais choisi celle ci. J'avais ajouté quelques couplets qui débordaient et répondaient, comme souvent, et ce soir là je les avais dit en balbutiant, ayant fini de les écrire quelques minutes avant le show. 

La semaine dernière, j'avais tout bien retravaillé et appris, et je savais que les gens devant moi connaitraient par coeur la chanson, c'était dangereux et excitant de l'avoir transformée en un virage tremblant, un petit funambulisme malicieux. J'ai adoré faire ça, et j'ai adoré jouer chez vous, cher Charabia, l'ivresse à nouveau d'être seule sur scène et puis l'autre ivresse après les deux concerts, à cause du champagne reimois et du cocktail inventé par Dominique A. Il y avait du pamplemousse et de la vodka et plein d'autres choses mais il faut garder certains ingrédients secrets pour le plaisir du mystère. C'était bon, et doux amer, et comme ses paroles, ça se buvait tout seul, sans trop faire attention, et puis PAF. Comme Gandalf, dans le trou profond, emmené par la langue, au moment où on se croyait sauf, sans prévenir. 



28 nov. 2018

première partie de Dominique A à Reims


Super (mais alors super) heureuse de vous inviter à venir demain soir (c'est à dire jeudi 29 Novembre)  au concert à Reims pour le fabuleux Charabia Festival, en première partie de Dominique A !

Il y a longtemps, quand j'ai croisé Barcella , ses pieds qui ne tiennent pas en place , sa guitare qui chante toute seule, et son sourire éclatant, il m'a parlé avec passion de ce festival monté avec beaucoup d'envie, de curiosité, et de gourmandise musicale. Il a dit peut etre je t'invite là ! C'était il y a des mois, ça semblait fou, joyeux, et dans longtemps. 

Ensuite on m'a dit que j'y étais officiellement programmée, et que c'était en première partie de Dominique A J'avais l'impression qu'on m'offrait deux ou trois gateaux d'anniversaire empilés les uns sur les autres et comme souvent quand on me fait un cadeau je me suis retrouvée trop timide pour dire quoi que ce soit d'autre que des bafouilles ravies. 


Maintenant c'est dans deux jours et je me prépare bravement. Ces jours ci sont étranges, brumeux, par moments très doux,parfois aussi un peu rapeux, un peu ivres, un peu penchés, un peu trop encombrés, comme si les jours étaient des maisons attendant d'être rangées. Je prends les heures dans mes mains, je les nettoie, j'essaye de les remettre dans le bon sens. Certaines, elles brillent tellement, je les accroche au plafond de ma maison pour qu'elles éclairent tout.

J'espère que Jeudi soir ce sera comme ça. 
On ne peut pas savoir à l'avance. Mais on peut se préparer au mieux, chuchoter des choses à sa guitare, lustrer ses espoirs et son coeur, décoiffer un peu ses cheveux, laisser le rouge venir aux joues, comme pour un rendez-vous. Je serai là, comme toujours, tremblante, émue, impatiente.

Et vous? vous viendrez?


8 nov. 2018

le 15 décembre à la Philharmonie !


Cher tous,
j'ai une nouvelle exceptionnelle
le merveilleux musicien Gaspar Claus réunit de nombreux artistes alchimistes de la musique pour un concert exceptionnel à la Philarmonie
j'ai l'honneur fou d'y participer
et c'est avec trois révérences, des yeux pétillants et de nombreux gloussements que je vous invite à réserver dès aujourd'hui
ça n'arrivera qu'une seule fois
et c'est le 15 Décembre, à la Philharmonie de Paris

on mélangera toutes nos sorcelleries
sur une seule scène
si vous aimez les surprises, les paris fous, la musique solaire ou lunaire
la musique de constellations
c'est ce soir là
qu'il faut mettre un manteau et vous glisser dans la salle

chaque fois que je vois Gaspar c'est un tourbillon fou,
quelque chose de serein et puissant, comme un phénomène astrologique
ce jour là, on va monter sur scène ensemble
alors j'ai envie de tomber par terre de joie rien que d'y penser
de tomber à l'envers
c'est à dire
de
m'envoler
de joie

et non seulement ça mais
avec aussi
plein d'autres musicien.nes

ce que je connais d'eux suffit à me tenir éveillée la nuit en souriant

alors voila
quand je dis que j'ai l'honneur fou d'y participer
je dis honneur fou
comme dans "amour fou", par exemple

ça s'appelle One Night Stand
comme un coup d'un soir
excitant
frissonnant
troublant
on vous donne rendez vous le 15 Décembre

et dans le lit
il y a
Gaspar Claus
Ambeyance
Bachar Mar-Khalife
Borja Flames
David Chalmin
Joakim
Juliette Gelli~
Katerina Fotinaki
LAURE BRISA
Ojard
Peter von Poehl
Sébastien Forrester
et moi

mettez votre plus belle cape
ou même rien du tout
juste des chaussures et un sourire
et rejoignez-nous